Bien qu'ayant d'emblée opté pour une doctrine militaire résolument offensive, les autorités militaires allemandes - à l'inverse de ce qui se fit en Grande-Bretagne et aux États-Unis - n'accordèrent qu'une attention toute relative aux projets de bombardiers stratégiques à long rayon d'action, favorisant plutôt ceux à moyen rayon - Heinkel He 111, Junkers Ju 88 et variantes ou Dornier Do 17 et variantes - opérant à partir des bases excentriques du Reich et des aérodromes des pays occupés.
Le premier appareil « long rayon » mis en service fut en fait une airliner civil militarisé, le Focke-Wulf Fw 200 Condor, affecté à des missions maritimes lointaines. Son successeur désigné, le Heinkel He 177 Greif (Griffon), affligé de vices cachés et de problèmes techniques récurrents et endémiques, ne connut qu'une carrière discrète, sa propension fatale à s'enflammer lui même, ayant valu le sobriquet de « fliegende Feuerzeug » - le briquet volant - et les quelques rares raids sur Londres - missions Steinbock - auxquels il prit part relevant quasiment de la péripétie.
Bien que deux prototypes aient été construits dès 1942, l'ambitieux et remarquable quadrimoteur Messerschmitt Me 264 - l'authentique Amerika Bomber - n'entra jamais en production, les deux exemplaires existants étant réservés pour une éventuelle fuite de Hitler au Japon. Les projets Junkers et Dornier restèrent également au stade expérimental de prototypes et de bancs d'essai de systèmes d'armes et autre ingénierie aéronautique.
Les développements heureux de la propulsion à réaction allemande et la vindicte exaspérée de Hitler, bien décidé à frapper Londres, Moscou et New York (Ville que Hitler croyait être la capitale des États-Unis) relancèrent - mais bien trop tardivement - ces projets, Joseph Goebbels promettant aux Américains - mais surtout au peuple allemand - un nouveau Blitz digne de celui qui frappa Londres en 1940, en représailles aux bombardements des villes allemandes.
Ce soudain regain d'intérêt des dirigeants politiques du Reich pour le bombardement stratégique permit dès lors un développement poussé du programme Arado Ar 234 Blitz (programme pourtant lancé dès 1941), les premiers appareils montant en ligne lors de l'offensive des Ardennes fin 1944. Sa vitesse de Mach 0,8, son plafond de 10 000 m et son rayon d'action de 1 500 km devaient lui permettre en théorie de bombarder Londres impunément.
Dans la réalité, son rôle se réduisit essentiellement à vainement tenter d'enrayer le progression alliée à l'Ouest par des bombardements défensifs - le plus célèbre d'entre-eux étant celui contre le pont de Remagen en mars 1945. À l'approche de la fin des hostilités, neuf appareils basés dans le nord de l'Allemagne tentèrent encore quelques raids tout à fait symboliques et à seule fin de propagande contre Londres.
Parallèlement, d'autres projets dormant depuis le début de la guerre furent relancés dans l'intention bien vaine de donner corps à cette propagande vantant une prochaine victoire grâce aux Wunderwaffen. C'est ainsi que les progammes Junkers (Junkers Ju 388, Junkers Ju 488) ou Dornier 317 connurent un semblant de relance tout aussi illusoire que tardive.
Mais le plus extraordinaire resta sans conteste le projet de bombardier stratosphérique Arado Ar-E 555 qui en théorie aurait dû franchir l'Atlantique, bombarder les États-Unis tout en les traversant et atterrir au Japon pour se réapprovisionner, en faisant ensuite le voyage de retour par dessus l'URSS à très haute altitude, hors de portée des faucons de Staline !
Arado Ar-E 555
Source : Wikipedia - Armes secrètes allemandes [Fr]
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