18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 16:34

Le roi s'est brisé la hanche lors d'un safari de chasse à l'éléphant au Botswana. Son escapade luxueuse provoque la polémique.

 

 

Personne n'aurait eu vent de l'escapade du monarque espagnol Juan Carlos Ier si celui-ci n'était pas malencontreusement tombé durant son voyage. Sa Majesté se trouvait au Botswana, en plein safari de chasse à l'éléphant, lorsqu'il s'est brisé la hanche. Rapatrié en urgence dimanche matin, le roi, âgé de 74 ans, a été aussitôt opéré et commence déjà à marcher grâce à une prothèse.

 

Reste que, depuis son retour en terre ibérique, la polémique enfle et les critiques fusent contre cette escapade luxueuse. Le Botswana autorise la chasse à l'éléphant contre une participation allant de 7 000 à 30 000 euros. En temps de crise et alors que l'Espagne multiplie les plans d'austérité pour réduire la dette et faire baisser un chômage record, cette dépense fait tache d'huile. La classe politique, plutôt discrète sur les agissements du roi - dont la popularité n'a jamais baissé depuis son rôle essentiel dans la transition démocratique -, a perdu de sa prudence.

 

 

"Le roi vit loin de son peuple"

Le président d'Andalousie, du Pays basque, mais aussi les nationalistes et l'ensemble de la gauche exigent des explications au roi et surtout qu'il présente ses excuses. Comment le chef de l'État peut-il disparaître dans un voyage discret, voire secret, en Afrique ? Combien ce genre d'escapade coûte-t-il aux contribuables espagnols ? Quelles sont les responsabilités de Juan Carlos Ier vis-à-vis de la nation ? Il est peu probable toutefois que Sa Majesté daigne répondre aux questions des représentants politiques. Le Parti populaire, au pouvoir et qui siège avec une écrasante majorité à la Chambre des députés, a déjà annoncé qu'il rejetterait un débat parlementaire sur ce délicat sujet.

 

Mais le silence gêné de la Moncloa, équivalent de l'Élysée, au retour du roi à Madrid en dit long sur la pensée de l'exécutif, qui a fini par affirmer que le souverain leur avait communiqué ce voyage africain. Or le Parti populaire (PP) s'est bien gardé de faire publiquement des commentaires sur la virée de chasse. Et pourtant, au sein de cette formation politique, on ne cache pas le malaise produit par ce déplacement inopportun. "C'est surtout l'image de la monarchie qui en prend un coup", assure un conservateur du PP. Et d'ajouter : "La chasse à l'éléphant, un animal protégé, est très mal perçue, mais surtout, ce genre de distractions, alors que le pays se serre la ceinture, donne vraiment l'impression que le roi vit loin de son peuple."

 

 

Scandales à répétition

L'image de la famille royale était déjà bien écornée ces derniers temps. La semaine dernière, on a découvert, également à la suite d'un accident, que le petit-fils du roi, âgé de 13 ans, s'initiait à la chasse avec des armes à feu. Il s'est tiré une balle dans le pied avec son fusil durant un entraînement, alors que la loi interdit l'usage des armes pour les moins de 14 ans. C'est surtout le scandale financier dans lequel est impliqué le gendre de Juan Carlos Ier qui a le plus plombé l'image jusqu'ici presque parfaite de la maison royale.

 

Iñaki Urdangarin, époux de l'infante Cristina, aurait détourné 5,8 millions d'euros payés par l'administration publique et les collectivités territoriales. Le bénéficiaire n'était autre que Noos, sa société à but non lucratif, chargée d'organiser des événements sportifs. Le gendre parfait a été mis en examen en février et est, depuis, écarté des actes officiels de la famille royale. Lundi, on apprenait que, dans deux courriers datant de 2007, Iñaki Urdangarin cite son beau-père comme médiateur dans un contrat. L'intervention du roi dans les sales affaires de son gendre n'a pas encore été confirmée, mais laisse envisager le pire pour la maison royale.

 

Ces divers scandales ont remis à l'ordre du jour le débat sur la continuité de la monarchie, qui, en outre, pèse sur les finances de l'État. Les voix en faveur de l'abdication du roi ne sont désormais plus réservées à quelques indépendantistes ou nostalgiques de la Seconde République. L'héritier du trône, le prince Felipe, qui va assumer le rôle de chef de l'État durant la convalescence de son père, a du pain sur la planche. Il devra redorer l'image de la monarchie et défendre sa légitimité s'il prend sa succession. La mauvaise santé du roi laisse prévoir que le passage de pouvoir pourrait être plus tôt que prévu.

 

Source : Lepoint.fr

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