14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 12:24

Le Japon, à nouveau secoué mardi par deux fortes répliques sismiques, a porté la gravité de l'accident nucléaire de Fukushima-Daiichi à 7, soit le niveau maximal et le même que l'accident de Tchernobyl en 1986.

 

 

"La situation à la centrale de Fukushima-Daiichi se stabilise lentement, pas à pas, et l'émission de substances radioactives est sur la pente descendante", a dit le Premier ministre nippon, Naoto Kan, lors d'une conférence de presse.

 

Les ingénieurs de Tokyo Electric Power (Tepco), l'exploitant privé de la centrale, ne parviennent toujours pas à reprendre le contrôle du site.

 

Un responsable de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle (Nisa) a expliqué que les niveaux cumulés de fuites radioactives justifiaient de porter la gravité de l'accident à 7, ce qui signifie des effets considérables sur la santé et l'environnement.

 

Elles pourraient être finalement plus importantes qu'à Tchernobyl, car elles n'ont toujours pas cessé, bien qu'elles aient diminué considérablement depuis trois semaines.

 

 

"TRÈS LOIN" DE TCHERNOBYL

 

Selon un calcul préliminaire cité par l'agence de presse Kyodo, l'exposition aux radiations a dépassé le seuil annuel d'un millisievert dans des zones situées à plus de 60 km au nord-ouest de la centrale et à 40 km environ au sud-est.

 

L'entourage du Premier ministre a expliqué qu'il avait fallu du temps pour mesurer et estimer le total des radiations émises.

 

"Même avant cela, nous considérions que c'était un incident très grave, donc, en ce sens, cela ne changera pas vraiment la façon dont on le traite", a expliqué un responsable.

 

L'accident de Fukushima-Daiichi était auparavant classé au niveau 5, comme celui de Three Mile Island aux Etats-Unis en 1979. Chaque niveau signifie que la gravité de l'événement est dix fois supérieure au niveau inférieur.

 

Plusieurs experts consultés par Reuters jugent cette réévaluation exagérée et expliquent que l'accident n'a rien à voir avec le désastre de Tchernobyl qui avait provoqué des rejets radioactifs dans tout le ciel européen.

 

"On en est très loin. Tchernobyl, c'était terrible. Cela a explosé, il n'y avait pas de confinement", explique Murray Jennex, expert du nucléaire. "Leur confinement (à Fukushima) a tenu le coup, la seule chose qui n'a pas résisté, c'est la piscine de combustible qui a pris feu", dit ce professeur associé à l'université de San Diego, en Californie.

 

Un expert de l'université d'Osaka, Kenji Sumita, souligne qu'élever la gravité au niveau 7 "a de graves conséquences diplomatiques". "C'est dire aux gens que l'accident peut potentiellement poser problème à nos voisins", dit-il.

 

Jusqu'ici, Pékin a été plus compatissant qu'accusateur. Mardi, le gouvernement chinois a de nouveau demandé au Japon des informations précises sur la crise nucléaire.

 

Dans un entretien téléphonique avec Kan, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, s'est dit "inquiet" du déversement d'eau faiblement radioactive dans l'océan Pacifique, une opération arrêtée lundi par Tepco. Il a pressé le gouvernement japonais de "se conformer strictement aux lois internationales".

 

 

RÉPLIQUES

 

Quelques minutes avant l'annonce d'un incendie sur le réacteur n°4 de la centrale de Fukushima-Daiichi, finalement maîtrisé, l'est du Japon a été une nouvelle fois secoué par une réplique de magnitude 6,3 du séisme du 11 mars.

 

L'épicentre de ce tremblement de terre a été localisé au large de la préfecture de Chiba, à 77 km au nord-ouest de Tokyo.

 

Une deuxième réplique a eu lieu quelques heures plus tard, dans le Nord-Est. Elle a également été mesurée à 6,3.

 

La centrale de Fukushima-Daiichi a été brièvement évacuée mais, selon Tepco, le niveau de radioactivité sur place n'a pas augmenté et les pompes servant à injecter de l'eau dans les trois premiers réacteurs ont continué de fonctionner normalement.

 

Tepco peine à reprendre le contrôle du site de Fukushima. L'entreprise injecte de l'azote dans les réacteurs, dont certains ont subi une fusion partielle, pour éviter une trop forte concentration d'hydrogène susceptible de provoquer des explosions qui libéreraient des particules radioactives.

 

Le déversement d'eau de mer dans les réacteurs, pour éviter une surchauffe du combustible, a en outre entravé les efforts visant à remettre en état de fonctionnement le système de refroidissement de la centrale, pourtant indispensable.

 

Bertrand Boucey et Clément Guillou pour le service français, édité par Gilles Trequesser

Source : Fr.news.yahoo.com

Lemonde.fr

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