25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 18:37

La guerre de Cent Heures est un conflit qui opposa le Salvador et le Honduras en juillet 1969. Elle est également connue sous le nom de guerre du Football, même si le football n’a été que le catalyseur et non la cause profonde de cette guerre.

 

 

Rencontres de football

C’est dans ce contexte houleux que le Salvador et le Honduras jouaient les matches éliminatoires pour la coupe du monde de football, qui devait se dérouler l’année suivante au Mexique. L’une des rencontres avait lieu à Tegucigalpa, la capitale du Honduras, alors perturbée par une grève des enseignants. Pour attirer l’attention sur leurs revendications, les grévistes avaient semé des clous sur la chaussée de certains quartiers, des pneus furent crevés et les footballeurs salvadoriens en visite en furent notamment les victimes. Se sentant personnellement visés, ils se répandirent en insultes sur les Honduriens. Sans doute en représailles, toute la nuit précédant l’épreuve, l’équipe du Salvador fut empêchée de dormir par les partisans de l’équipe locale, qui cernaient l’hôtel où logeaient les joueurs adverses.

 

Le lendemain, le 8 juin, épuisés par le manque de sommeil, les Salvadoriens perdirent 0 à 1, le but hondurien ayant été marqué à la dernière minute du jeu. Désespérée, Amelia Bolanios, une jeune Salvadoriennne supportrice de son équipe, se tira une balle dans le cœur. Le corps d’Amelia fut rapatrié, ses obsèques furent décrétées nationales, et suivies par le Président et le gouvernement du Salvador.

 

Le match de retour, prévu le 15 juin 1969 au Salvador, fut mis sous la haute surveillance de l’armée. Mais l’équipe du Honduras vit d’abord son hôtel incendié (il n’y eut aucune victime), et dut déménager pour un autre hôtel. Là, elle fut soumise par les Salvadoriens au même régime de privation de sommeil. Escortée par la police, l’équipe épuisée gagna le stade, et perdit le match 0 à 3. En outre, les Honduriens qui avaient fait le voyage pour assister au match furent molestés, et les échauffourées (voitures incendiées, fenêtres brisées, hôpitaux débordés) causèrent la mort de deux personnes. L’équipe de football put regagner son pays sans encombre, mais la frontière fut fermée.

 

Apprenant les faits, les Honduriens cherchèrent à se venger et s’en prirent aux résidents salvadoriens. Il y eut des morts et des blessés, le gouvernement ne fit rien au début pour empêcher les exactions, avant que la violence ne finisse par paralyser la capitale pendant deux jours. Seule la fatigue des émeutiers mit fin aux exactions.

 

Les deux pays ayant chacun gagné un match, ils devaient encore s’affronter à Mexico le 26 juin afin d’être départagés. Des deux côtés de la frontière, journaux, radios et télévisions continuèrent de verser de l’huile sur le feu, faisant appel à la fierté nationale. L’activité économique avait pratiquement cessé dans les deux pays alors que la passion pour ces faits gagnait toute l’Amérique centrale.

 

Le match à Mexico, disputé dans une atmosphère d’émeute, fut gagné par le Salvador 3 à 2, mais les troubles ne cessèrent pas : hommes molestés, femmes violées, quelques morts, hôpitaux une fois de plus débordés. Le Honduras accusa les arbitres de malhonnêteté, les joueurs adverses de tricherie. On échangea des calomnies des deux côtés, et cela gagna les deux gouvernements.

 

 

Pressions des militaires salvadoriens

Une dernière explication possible serait la pression exercée par les militaires salvadoriens sur leur président Sanchez Hernandez. Celui-ci avait été affaibli par l’affaire des Sleeping Beauties, et il craignait un coup d’État. La pression des généraux était importante et ceux-ci avaient déjà prévu la guerre, comme nous le montre l’attaque effectuée par les Salvadoriens : l’attaque avait été planifiée depuis longtemps et était calquée sur le plan qu’avaient utilisé les généraux israéliens durant la guerre des Six Jours. C’est d’ailleurs la thèse d’Yves Salkin selon laquelle Sanchez Hernandez aurait dû céder face à ses généraux.

 

« Le 14 juillet 1969, au matin, une ultime conversation téléphonique, dont la teneur n’a pas été révélée, a lieu entre les présidents López Arellano et Sanchez Hernandez et à la suite de laquelle le chef de l’État salvadorien a demandé à ses troupes d’être prêtes à passer à l’action le soir même. Qui l’a poussé à franchir le Rubicon ? Le désir de dissuader les Honduriens de ne plus chasser de leur sol les malheureux colons ? Non pas. Mais plutôt la peur, comme il le déclarera plus tard, de paraître faible devant son opinion publique et d’être victime d’un coup d’État. Avec le recul du temps, les objectifs de l’opération salvadorienne semblent plus clairs aujourd’hui. Le but politique, de toute évidence, était de faire tomber le gouvernement de López Arellano et de mettre fin à la politique anti-salvadorienne ayant cours au Honduras. »


Le conflit

Dans les heures qui suivirent le match, des escarmouches eurent lieu à la frontière des deux États, suivies d’une intense propagande qui rapporta des atrocités de toutes sortes, le plus souvent imaginaires. Des incidents de frontière mettant en jeu quelques douzaines de personnes devenaient des « combats importants », et les deux côtés annonçaient triomphalement la victoire.

 

Le 4 juillet 1969, alors que le nombre des Salvadoriens expulsés se monte à 20 000 et que le vice-consul du Salvador à Tela est assassiné, les relations diplomatiques entre les deux États sont rompues.

 

Toutes ces rodomontades culminèrent le lundi 14 juillet 1969, quand un avion militaire salvadorien lâcha une bombe sur Tegucigalpa. La guerre commençait, et allait durer... cent heures.

 

L’armée de terre salvadorienne était supérieure en nombre (8 000 hommes) et en armement (fusils allemands modernes et pièces d’artillerie de 105 mm), alors que son homologue hondurienne, mal organisée, était plus faible en personnel (2 500 hommes) et en armes (vieux fusils américains). L’aviation hondurienne, au contraire (23 avions de combat type Corsair), était supérieure à l’aviation adverse (11 avions de combat type Mustang et Corsair).

 

L’armée salvadorienne lança des offensives le long de la principale route joignant les deux pays et contre les îles honduriennes dans le golfe de Fonseca. Au début, elle avança rapidement sur huit kilomètres. Dans la soirée du 15 juillet la capitale provinciale de Nueva Ocotepeque était capturée. Cependant l’aviation hondurienne était supérieure et détruisait, outre son opposante, les dépôts de munitions et de carburant, ce qui contraignit l’armée salvadorienne à l’immobilité.

 

Les 20 Chance Vought F4U Corsair de la Fuerza Aera Hondurena affrontèrent des Corsairs et des North American P-51 Mustang du Salvador avec succès. Ce furent d’ailleurs les derniers combats de ces avions de la Seconde Guerre mondiale.

 

La guerre du football a causé 2 000 morts et quelques milliers de blessés. Près de 50 000 personnes y ont perdu leur maison et leurs terres. De nombreux villages furent détruits, tandis que l’industrie salvadorienne fut fortement touchée par une crise.

 

La guerre dura quatre jours (d’où le nom de Guerre de Cent heures). Le 19 juillet, sous la pression de la communauté internationale et de l’Organisation des États américains, les Salvadoriens retirèrent leurs troupes. L’immense majorité des immigrés salvadoriens quitta le Honduras. Ce qui au final avantagea López Arellano, qui put faire sa réforme agraire sans peine.

 

 

Conséquences de la guerre

Il y eut près de 2 000 morts dans chaque camp.

 

Le conflit entre Honduras et Salvador perdura. Il fallut attendre 1980 pour qu’un traité de paix soit signé. La dispute territoriale à l’origine du conflit ne fut résolue qu’en 1992 par la Cour internationale de justice (CIJ).

 

À cause du conflit, le projet de Marché commun centraméricain fut interrompu pendant 22 ans. Les militaires sortirent renforcés dans les deux pays.

 

 

Source : Wikipédia - Guerre de Cent Heures [Fr] (plus d'info)

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