Le kabuki (歌舞伎) est la forme épique du théâtre japonais traditionnel. Centré sur un jeu d'acteur à la fois spectaculaire et codifié, il se distingue par le maquillage élaboré des acteurs et l'abondance de dispositifs scéniques destinés à souligner les paroxysmes et les retournements de la pièce.
Les trois idéogrammes du mot signifient : chant (歌, ka), danse (舞, bu) et habileté technique (伎, ki). Il s'agit vraisemblablement d'ateji (caractères utilisés pour leur seule valeur phonétique), et il semble qu'il s'agisse de la forme ancienne du verbe katamuku (傾く), à l'époque kabuku, désignant ce qui était peu orthodoxe, en référence à une forme de théâtre considérée à l'époque comme d'avant-garde.
A l’origine les hommes et des femmes jouaient dans les pièces de Kabuki, mais plus tard seuls les hommes participaient. Cette tradition a perduré jusqu’à nos jours et tous les rôles sont donc tenus par des hommes. Les acteurs spécialisés dans les rôles féminins sont appelés onnagata. Les deux autres grands types de rôle sont l’aragoto (style de jeu violent) et le wagoto (style de jeu doux).
Les pièces de Kabuki évoquent des événements historiques et le conflit moral lié aux relations affectives. Les acteurs déclament sur un ton monotone et sont accompagnés d’instruments traditionnels japonais. La scène est équipée de plusieurs dispositifs, notamment des décors rotatifs et des trappes par lesquelles les acteurs peuvent apparaître et disparaître. Une autre spécificité de la scène du Kabuki est une passerelle (hanamichi) qui s’avance au milieu du public.
Les principales caractéristiques du théâtre Kabuki sont sa musique propre, ses costumes, les équipements scénographiques et les accessoires, ainsi que des répertoires spécifiques, un style de langue et de jeu, comme le mie, où l’acteur se fige dans une prend une position particulière pour camper son personnage. Le Keshô, ou maquillage, offre un élément de style facilement reconnaissable, même pour ceux qui ne sont pas très ferrés sur cette forme d’art.
Après 1868, quand le Japon s’est ouvert aux influences occidentales, les acteurs se sont attachés à améliorer la réputation du Kabuki au sein des classes supérieures et à adapter les styles traditionnels aux goûts modernes.
Le kabuki aujourd'hui
Aujourd'hui, le kabuki demeure le plus populaire des styles de théâtre traditionnel japonais en termes d'audience. Même s'il mobilise moins de professionnels que le théâtre nô, ces acteurs jouissent d'une plus grande notoriété, apparaissant souvent dans des films ou des téléfilms se passant hors de son univers, à l'image de l'onnagata Bandō Tamasaburō V. Les salles de spectacles consacrées au kabuki restent rares, et concentrées dans les grandes agglomérations.
Hors des grandes institutions, plusieurs troupes emploient des femmes pour jouer les rôles d'onnagata. Dans la même veine de reconnaissance du rôle des femmes dans la création du kabuki, une statue d'Okuni a été érigée à Kyoto dans le quartier de Pontochō.
Les principales troupes de kabuki effectuent régulièrement des tournées hors du Japon, contribuant à faire connaître cette forme de théâtre, jouant parfois des adaptations de pièces occidentales (au style du kabuki). Comme pour le nō, le kabuki a bénéficié des efforts de l'écrivain Yukio Mishima, qui a montré qu'il était possible d'écrire des pièces dont l'intrigue se déroule dans un univers contemporain.
Le kabuki a été classé parmi les chefs-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité par l'UNESCO dans la troisième proclamation (24 novembre 2005).
Le Kabukiza, un des principaux théâtres de kabuki à Tōkyō.
Sources :
Kabuki [Wikipedia Fr]