L’espéranto est une langue construite conçue à la fin du XIXe siècle par Ludwik Lejzer Zamenhof dans le but de faciliter la communication entre personnes de langues différentes. Zamenhof publia son projet en 1887 sous le nom de Lingvo Internacia (Langue Internationale), sous le pseudonyme de Doktoro Esperanto (Docteur qui espère), d’où le nom sous lequel la langue s’est popularisée par la suite.
Basé sur une grammaire régulière (sans exception), l'espéranto est une langue globalement agglutinante où les mots se forment à partir d'un nombre limité de racines lexicales et d’affixes. Ces particularités facilitent l'apprentissage de l'espéranto.
L'espéranto est la seule langue construite qui a dépassé le stade de projet pour devenir une langue vivante avec des locuteurs actifs répartis dans la plupart des pays du monde.
Statut
L'espéranto n'est la langue officielle d'aucun pays, mais il est la langue de travail de plusieurs associations à but non lucratif, principalement des associations d'espéranto. La plus grande organisation d'espéranto est l'association mondiale d'espéranto (UEA), qui est en relation officielle avec les Nations unies et l'UNESCO dans un rôle consultatif.
L'UNESCO a adopté plusieurs recommandations en faveur de l'espéranto.
C'est l'une des langues officielles de l'Académie internationale des sciences de Saint-Marin dont le but principal est de favoriser l'utilisation de l'espéranto dans toutes les sciences.
Parmi les universités disposant de cycles d'études espérantophones, les plus réputées sont :
À l'instar des autres langues, l’espéranto dispose de diplômes validant les acquis, mais seul l'institut des langues étrangères (ITK) de l'université Eötvös Loránd (ELTE) délivre des diplômes d'État basés sur le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) : niveaux B1, B2 et C1. Il est à noter que parmi les trente langues proposés par ITK, l'espéranto se classe en 3è position par le nombre de candidats, après l'anglais et l'allemand.
En France, une demande de reconnaissance comme langue possible en option au baccalauréat est en cours par le biais d'une pétition lancée en avril 2011 lors du congrès commun des deux grandes associations françaises d'espéranto Espéranto-France et SAT-Amikaro.
Nombre de locuteurs
Le nombre d'espérantophones est difficile à évaluer. Les estimations varient entre cent mille et dix millions. Deux millions est le nombre le plus couramment repris, voire jusqu'à trois millions.
Étant une langue construite, l'espéranto est généralement appris comme langue seconde. Il existe cependant un petit nombre d'espérantophones natifs. Le linguiste finlandais Jouko Lindstedt estime leur nombre à 1 000.
Jouko Lindstedt évalue par l'échelle suivante la capacité à parler l'espéranto dans la communauté espérantophone :
- 1 000 personnes ont l'espéranto comme langue maternelle,
- 10 000 personnes parlent l'espéranto avec un niveau proche d'une langue maternelle,
- 100 000 personnes parlent couramment l'espéranto,
- 1 000 000 de personnes comprennent l'espéranto et le parlent de façon occasionnelle,
- 10 000 000 de personnes ont étudié l'espéranto de façon plus ou moins approfondie à un moment donné.
Sidney Culbert, ancien professeur de psychologie de l'université de Washington, espérantophone lui-même, est arrivé, en comptabilisant pendant vingt ans dans de nombreux pays les espérantophones à l'aide d'une méthode par échantillonnage, à une estimation de 1,6 million de personnes parlant l'espéranto avec un niveau professionnel. Ses travaux ne concernaient pas que l'espéranto et faisaient partie de sa liste d'estimation des langues parlées par plus d'un million de personnes, liste publiée annuellement dans le World Almanac and Book of Facts (en). Comme dans l'Almanach, toutes ses estimations étaient arrondies au million le plus proche, c'est le nombre de deux millions d'espérantophones qui a été retenu et fréquemment repris depuis. Culbert n'a jamais publié de résultats intermédiaires détaillés pour une région ou un pays particulier, ce qui rend difficile l'analyse de la pertinence de ses résultats.
Exemple de phrase
Article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (voir le texte en français)
"Artikolo 1
Ĉiuj homoj estas denaske liberaj kaj egalaj laŭ digno kaj rajtoj. Ili posedas racion kaj konsciencon, kaj devus konduti unu al alia en spirito de frateco."
L'espéranto selon ses détracteurs
L'espéranto d'aujourd'hui n'est plus le « projet » qu'il était en 1887 sur lequel on pourrait discuter théoriquement, mais une langue vivante avec un siècle d'usage à son actif, un usage qui se laisse facilement observer et étudier, argumente-t-il. Il résume ainsi de nombreuses idées communément admises à propos de l'espéranto :
« L'espéranto est une prétendue langue faite de bric et de broc à partir d'éléments empruntés aux langues d'Europe occidentale, dont il imite d'ailleurs les structures. C'est un code rigide, inexpressif et sans vie. Il a été publié sous une forme complète par un idéaliste et ne peut évoluer. Sans histoire, sans littérature, sans peuple, ce système ne peut servir qu'à des échanges terre-à terre. Il est défendu par une poignée de militants manquant de réalisme, qui s'imaginent que la paix découlerait automatiquement de l'adoption générale d'une langue universelle. Ces gens sont ridicules, mais ils pourraient être dangereux car leur action pourrait provoquer un nivellement par le bas et, en fin de compte, la mort des cultures traditionnelles, qui finiraient par se confondre toutes dans une grisaille anonyme. Heureusement, leur tentative a échoué, et il n'y a aucune chance qu'elle réussisse, car cette pseudo-langue n'est en fait parlée nulle part. Si elle l'était, les différences d'accent et de substrat empêcheraient d'ailleurs les locuteurs de se comprendre. »
— Claude Piron
Critiques idéologiques
Inégalité hommes-femmes
Les mots féminins de l'espéranto sont formés à partir des mots masculins (ajout de -in-), et de même pour les mots neutres (ajout de ge-) : patro = père, patrino = mère et gepatro = parent. Cela suggère que le masculin est la référence, ce qui est critiquable du point de vue féministe. Une proposition de réforme consiste à utiliser les mots neutres comme radicaux, et à former tous les mots masculins par l'ajout de vir-, le préfixe ge- peut alors disparaître car la racine simple devient neutre. Une autre proposition est d'opposer au suffixe -in le suffixe -iĉ (au lieu du préfixe vir-).
ĉu vi demandis vian patron? = as-tu demandé à un de tes parents ? (à l'un ou à l'autre)
ĉu vi demandis vian patriĉon/virpatron? = as-tu demandé à ton père ?
ĉu vi demandis vian patrinon? = as-tu demandé à ta mère ?
Le fait que le féminin se forme à partir du masculin en mettant -in-, se retrouve en allemand. Ex: renard Fuchs renarde Füchsin.
Pour faire mentir cette tradition, et sans trop bousculer la grammaire, certain(e)s utilisent -in- non plus comme un suffixe mais comme une racine à part entière, permettant ainsi une formule, courante par exemple dans les formulaires d'inscription, qui construit le masculin malina à partir du féminin ina.
L'espéranto est une langue sans peuple et sans territoire national
Il ne serait pas possible d'avoir une langue vivante sans peuple et sans territoire national.
Au Moyen Âge, le latin était une langue véhiculaire, quoique morte.
Le yiddish ou le tsigane n'ont pas de territoire national.
L'anglais est déjà la langue internationale, l'espéranto ne sert à rien
L'anglais est aujourd'hui la langue de communication internationale la plus utilisée.
Il est donc légitime de penser qu'il est impossible ou inutile de changer de langue internationale et que cela représenterait de toutes les façons un coût très élevé.
Cependant, au début du XXe siècle, lorsque l'espéranto est apparu, c'était encore le français qui dominait, du fait de l’existence de nombreuses colonies françaises. Et, actuellement, aucune organisation inter-gouvernementale (telle que les Nations unies, ou l’Union européenne) n’utilise uniquement l’anglais.
Par ailleurs, l'anglais a le défaut d'être une langue difficile, en particulier du fait de la prononciation, et il est extrêmement difficile d'atteindre par l'apprentissage le même niveau d'anglais qu'un natif anglophone. À l'opposé, l’espéranto peut, après un temps d’étude et de pratique relativement court, devenir une langue que l’on sent comme sa propre langue. Ainsi, selon une étude comparative de l'Institut de pédagogie cybernétique de Paderborn (RFA), 150 heures d'espéranto suffisent à un francophone pour atteindre un niveau qui en exige au moins 1 500 en anglais (et 2 000 en allemand).
Critiques générales
- 1) Les racines des mots en espéranto sont dans leur grande majorité latines (exemple maison : domo).
- 2) La grammaire éloigne l'espéranto du latin (exemple père se dit patro en espéranto, mais mère se dit patrino, construit avec le lexème patr + in, suffixe féminisant -repris de l'allemand, donc germanique- , conforme au principe de simplicité et de régularité de l'espéranto, mais qui s'éloigne du mot latin mater).
Cette proximité distanciée de l'espéranto et du latin est à l'origine de deux types de critiques antinomiques : l'espéranto serait trop éloigné, ou au contraire trop proche du latin et/ou des langues occidentales.
Source : Wikipédia - Espéranto [Fr]
Voir aussi :
Wikipedia - Critiques de l'espéranto [Fr]
Wikipedia - Claude Piron [Fr]
Wikipedia - Histoire de l'espéranto [Fr]