Au début du XXe siècle, l’Allemand Paul Trendelenburg observe le réflexe péristaltique in vitro dans l’intestin d’un porc séparé du reste du corps et qui réagit donc sans la participation du système nerveux central.
Nos intestins constituent un deuxième cerveau, très similaire à celui logé dans la tête, qui est appelé système nerveux entérique.
Système nerveux entérique
Un cerveau enroulé autour du tube digestif et de l’intestin qui travaille de manière indépendante du cerveau principal
Presque toutes les substances qui déterminent le fonctionnement du cerveau encéphalique se retrouvent dans le ventre qui abrite 100 millions de neurones, plus que dans la moelle épinière, et dont la quasi totalité se consacrent à des tâches ne dépendant pas directement du cerveau supérieur.
Les cellules nerveuses du cerveau abdominal ont la même origine que celles du cerveau principal. A un certain moment, elles s’en séparent, migrent vers le ventre pour former le système nerveux entérique (SNE).
L’étude de son fonctionnement a donné naissance à une nouvelle discipline scientifique à cheval entre la neurophysiologie et la gastroentérologie : la neuro-gastro-entérologie.
Le système nerveux entérique constitue un réseau local pouvant fonctionner indépendamment des afférences des centres supérieurs. Il contient un ensemble de programmes commandant le fonctionnement du tube digestif aussi bien pendant les périodes interprandiales que postprandiales ou lors d'événements comme les vomissements. Le système nerveux entérique diffère des autres structures ganglionnaires tissulaires par son organisation en réseau comparable à celle du cerveau ou de la moelle.
Il comporte 3 types de neurones: sensitifs, moteurs et des interneurones. Deux types d'action peuvent être provoquées par les cellules nerveuses du tube digestif: des réflexes, action stéréotypée qui surviennent en réponse à la stimulation des neurones sensitifs (réponse à une distension intraluminale par exemple), et cadences, activité rythmique ou répétée. Cette activité programmée peut ne pas nécessiter l'intervention d'un stimulus pour être initiée.
Les centres supérieurs intégrateurs parasympathiques sont particulièrement impliqués dans le contrôle du tube digestif supérieur de l'œsophage au colon et des sécrétions pancréatiques et biliaires. L'interaction des centres vagaux dorsaux avec les centres supérieurs permet une adaptation rapide et précise aux modes alimentaires: anticipation, ingestion et digestion de repas de composition variable.
Un réflexe dit vago-vagal permet un ajustement précis et rapide de la fonction digestive au contenu du tube digestif de l'oesophage jusqu'au colon.
L'arc réflexe présente :
-Les récepteurs sensitifs ( tension, pH, meccano-, osmo-, gluco-récepteurs) sont liés à des neurones afférents vagaux.
-Les réflexes spinaux gouvernant le tube digestif ont la même organisation que ceux contrôlant la musculature squelettique: les arcs réflexes sont localisés au niveau médullaire. Les voies centripètes rejoignent les centres cérébraux par des voies qui peuvent être des réflexes monosynaptiques (vers les centres intégrateurs comme le cortex par exemple).
Traitement de l'information
Des processus mnésiques peuvent ensuite résulter de l'intégration des informations proprioceptives.
Les informations sensitives sont transmises aux centres supérieurs qui projettent leurs informations sur les voies réflexes expliquant ainsi l'action des émotions, du stress ou des événements extérieurs sur les fonctions digestives.
De nombreux neurotransmetteurs (acétylcholine, acides aminés, oxyde nitrique, peptides, ...) participent à ces fonctions nerveuses.
Le système digestif concentre entre 70 et 80 % des cellules du système immunitaire. Il semble diriger en grande partie le dispositif de défense de l’organisme. "Le système nerveux entérique entretient des relations étroites avec le système immunitaire, confie Pavel Kucera. Le système digestif représente donc un sujet d’exploration pour la neuro-immunologie, un domaine récent et fascinant de la recherche biomédicale."
Plusieurs centres supérieurs sont reliés au système digestif : régions frontales du cortex et noyaux gris centraux, de fait les relations entre émotion, stress et fonctions digestives est bien connu, indépendamment de toute pathologie psychiatrique.
Les neurones du SNE produisent les même molécules – les neurotransmetteurs – que le cerveau principal.
L’exemple le plus spectaculaire est celui de la sérotonine, un neurotransmetteur qui influence les états d’âme, qui est produit à 95 % par les cellules nerveuses de l’intestin.
La pharmacopée psychiatrique agit également sur l’estomac. Certains antidépresseurs provoquent parfois des diarrhées et des dysfonctionnements gastriques. En cas de dyspepsie, autrement dit de digestion difficile et douloureuse, un médicament contre la migraine comme le sumatriptan peut avoir également un effet relaxant sur l’estomac.
Le cerveau abdominal envoie, à travers le nerf vague, neuf fois plus d’informations vers la tête qu’il n’en reçoit. Ce qui fait dire à certains que notre santé dépendrait de l’entente entre nos deux centres nerveux. A en croire Michael Gershon, le cerveau abdominal serait aussi capable de se souvenir, participerait à la phase de rêves pendant le sommeil en produisant de la sérotonine et pourrait constituer la matrice biologique de l’inconscient.
Autrement dit, il aurait tout de son grand frère.
Source : Temporalites.free.fr